Manuel Cousin était à la vacation de 9h ce samedi matin. Le marin, qui navigue pourtant dans des conditions très instables, est toujours aussi heureux d’être en mer. il revient sur son quotidien des derniers jours. 

La carte postale est belle

« Ce matin, la carte postale est belle. Je suis dans mon cockpit en train de prendre mon café en terrasse. Ce qui est beaucoup moins sympa, c’est qu’il y a beaucoup de grains à gérer, notamment la nuit, donc ce n’est pas facile de trouver le sommeil. J’ai eu une remontée de l’Atlantique Sud très compliquée, la météo est dure à gérer, c’était très usant au niveau physique car j’ai énormément manœuvré pour regagner le Nord et ne rien lâcher parce que Miranda (Merron) et Clément (Giraud) derrière ne lâchent rien non plus, ça nous booste. J’ai voulu mettre du charbon, mais c’est fatigant. Je commence à regarder un peu plus devant, la prochaine étape plus compliquée sera le pot-au-noir dans environ 3 jours. »

Très perturbé vers Cabo Frio

« Vers Cabo Frio, c’était très perturbé, je n’ai pas pu lâcher les écoutes pendant 48 heures, le vent était très instable, ça passait de 0 à 35 nœuds en quelques secondes et en direction, on se trouvait à naviguer à presque 180 degrés de la route. Il faut tout le temps être sur le pont ! La nuit, avec l’humidité, les grosses masses nuageuses remontent, et on a des grains plus violents que la journée. Il faut faire attention. Ça laisse peu de temps au sommeil. Je mets des alarmes un petit peu partout pour être sûr de ne pas avoir de souci. »

« Suivant si on voit la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, il me reste plus ou encore une transat Jacques Vabre car j’ai passé la latitude de Salvador de Bahia cette nuit. A l’échelle du Vendée Globe, je serais plutôt tenté de dire qu’il me reste plus qu’une transat Jacques Vabre, mais en même temps il y a encore quelques bonnes journées de navigation. J’essaie de ne pas penser à l’arrivée pour l’instant sinon j’ai peur que les journées me paraissent longues. »

Rester prudent jusqu’à la fin du Vendée Globe

« Les arrivées des 10 premiers nous ont tenus en haleine. Je les félicite tous, ils ont tous fait une course incroyable. Si on parle du podium, Charlie (Dalin) a fait une course dingue, c’était loin d’être facile d’avoir ce poids du favori tout du long, et Yannick (Bestaven) a fait une course magistrale. Louis (Burton) est vraiment un exemple de persévérance, il a dû réparer dans les mers du Sud, il n’a jamais rien lâché, il a toujours été de l’avant et c’est un bel exemple d’aller au bout de soi-même. Et j’ai aussi une grosse pensée pour Boris (Herrmann), qui a fait une très belle course et qui tape un bateau de pêche juste avant l’arrivée. Ça nous rappelle tous que tant que la ligne n’est pas franchie, il n’y a rien de fait, il faut être prudent jusqu’à la fin. »

« Le bateau et le bonhomme fatiguent. On ne dit pas tout ce qui nous arrive sinon on aurait l’impression de se plaindre sans cesse. Concernant les safrans, je croise les doigts pour que les réparations tiennent. Je fais des petites bricoles de temps en temps pour les consolider et je les surveille comme le lait sur le feu. Pour l’instant ça tient et ça devrait le faire jusqu’au bout. Il faut être sur le bateau tout le temps. On reprend tous la fameuse phrase de Michel Desjoyeaux qui dit que le Vendée Globe, c’est une emmerde par jour, mais c’est vrai. Quand on a l’impression d’être tranquille, il y a toujours quelque chose à gérer. Il faut prévoir au maximum. «