Victime d’une avarie de quille samedi dans la soirée, Manuel Cousin était à la vacation ce dimanche matin sur Groupe Sétin. Malgré la déception, il se montre particulièrement combatif et bien décidé à rallier les Sables d’Olonne. 

Les circonstances de l’avarie

“Je faisais route au nord, face aux alizés au près. Je faisais attention : c’était une navigation assez engagée mais rien de transcendant pour nos bateaux. Et puis, en retombant d’une vague, j’ai entendu un énorme crac, un bruit où on se dit tout de suite qu’il s’est passé quelque chose. La tige du vérin s’est cassée net. Pour bien comprendre, le vérin sert à faire penduler la quille et en se cassant la tige a détérioré le système de blocage de la quille. C’est venu taper dans les renforts du système.

Les enjeux des prochaines heures

J’ai fait de la stratification toute la nuit pour renforcer ce système et espérer pouvoir bloquer la quille dans l’axe afin de finir absolument mon Vendée Globe. On mettra la course de côté c’est certain mais la priorité c’est de ramener le bateau. Je pense que je vais encore strater toute la journée car il y a des efforts très forts là-dessus. J’ai connu des jours meilleurs mais je ne lâche rien, j’y crois, je fais tout ce que je peux pour réparer. 

J’ai le matériel pour réparer à bord, je fais tout ce que je peux. Il y a beaucoup de tristesse, je ne sais pas trop comment l’exprimer, je suis évidemment très déçu. Je n’ai absolument pas pensé à abandonner, pour l’instant en tout cas. Mais si je n’arrive pas à remettre la quille dans l’axe, je ne pourrai pas rejoindre les Sables. Par contre, je ne prendrai pas de risque non plus pour le bateau et le bonhomme.

Les sentiments qui prédominent

Sur le coup, c’est de la rage. Pourtant, très vite, il faut passer à l’action parce que la quille est folle sous le bateau, qu’il faut enlever de la toile et ne pas abimer autre chose, car la mer est encore assez mauvaise. La météo est capricieuse, j’ai encore eu des rafales à 35 nœuds, il y a beaucoup de grains. Je fais route doucement au Nord entre 6 et 9 nœuds pour rejoindre l’anticyclone et chercher une mer un peu plus plate afin de remettre la quille dans l’axe dans des conditions plus faciles. Il ne s’agit pas de se blesser en plus !

C’est une énorme déception même si j’espère que ce n’est pas fini. On était encore à la bagarre avec Clément (Giraud), avec Miranda (Merron)… Tout ça, c’est terminé évidemment. Il y a encore des gens derrière moi. Je voulais aussi remercier tout ceux qui m’ont envoyé des messages : Clément, Miranda, Sam (Davies), Alan (Roura), Arnaud (Boissières), Alexia (Barrier)… Ça fait vraiment chaud au coeur, c’est d’une grande aide psychologique. On a de la chance d’avoir un sport comme ça. J’ai eu pas mal d’emmerdes pendant le Vendée Globe mais là, c’est costaud ! Alan (Roura) navigue depuis un moment avec sa quille dans l’axe donc c’est faisable. Mais il faut que la réparation tienne.

La forme physique

« J’ai dormi une petite heure, je sentais que le corps avait besoin de dormir. Je vais manger un peu, je vais me faire un petit déjeuner rapide et costaud pour être d’attaque pour reprendre les réparations. Je vais me faire une journée de stratification, je suis en contact avec mon équipe. Ils sont derrière moi, mon partenaire aussi. Je suis à fond pour faire en sorte de dépanner ça et venir vous rejoindre ! Je rêve toujours autant de remonter le chenal.”

A 17h00 ce samedi 6 février, alors que Manuel Cousin naviguait au près dans un vent très soutenu et une mer formée, la tige du vérin de quille de Groupe Sétin s’est sectionnée. Pour l’instant, le skipper est en contact permanent avec son équipe à terre, et il s’emploie à sécuriser le bateau. Il faudra ensuite qu’il mette en place les axes de secours permettant de bloquer la quille.

Plus d’informations à venir dans les heures qui viennent.

Ce jeudi 4 février au matin, Manuel Cousin était à la vacation du Vendée Globe en ce 88ème jour de course. Il revient sur les conditions de navigations de ces derniers jours dans le Pot au Noir.

Une nuit un peu rock’n roll

” C’est un petit peu rock’n’roll. On est au près et on remonte l’Atlantique Nord. J’ai eu une nuit un petit peu plus tranquille malgré les conditions. La nuit dernière, j’ai eu un passage du pot-au-noir compliqué car il était très actif et une belle galère. Une pièce qui permet de tenir la poulie d’écoute de gennaker en place a explosé. Et la poulie et l’écoute ont tout arraché sur leur passage, c’est venu arracher le balcon arrière-bâbord. Il est venu taper dans la casquette. Ça a fait un bruit de dingue. C’était vraiment tendu comme situation. J’ai réussi à choquer et enrouler le gennaker en catastrophe et rétablir la situation. J’ai tout remis en place, mais c’était un petit peu chaud ! C’est une nuit à oublier.

Psychologiquement, on pense de plus en plus à l’arrivée à mesure qu’on se rapproche, mais il nous reste encore environ 14 jours. On prend notre mal en patience, on essaye de rester concentré, de ne pas faire de bêtise, on sait que la fin peut être compliquée aussi. On essaye de rester dans la course pour que la fin ne nous semble pas trop longue. Par rapport à un tour du monde, il nous reste très peu donc on a plutôt tendance à dire qu’on est presque arrivé, mais il nous reste encore entre 10 et 15 jours de mer. Il faut rester concentré et en prenant les choses jour après jour, ça devrait aller !

Un moment compliqué

Je pense que sur le Vendée Globe, le moment le plus compliqué à vivre a été ces derniers jours dans le pot-au-noir, c’était l’enfer. J’en ai passé pas mal, et celui-ci est assurément celui qui a été le plus compliqué. J’ai perdu beaucoup de temps dedans, il était très sévère. Sinon, je ne trouve pas le temps long, même si j’ai hâte d’arriver, de franchir la ligne d’arrivée, de retrouver mes proches, et de vivre tous les beaux moments. C’est peut-être maintenant que le temps va être le plus long.

Trouver les ressources pour se battre

Je pense qu’on est tous un peu pareil, on trouve les ressources pour se battre car on est seul à bord, on a qu’une envie, c’est de terminer ce Vendée Globe. C’est un projet de vie. C’est quelque chose dont j’ai rêvé depuis longtemps et j’ai cette chance aujourd’hui d’être dans cette course. On ne réfléchit même pas, on a ça au fond de nous, on va même puiser des ressources qu’on ne soupçonnait même pas nous-même. C’est une formidable école pour ça le Vendée Globe, ça permet de se découvrir aussi soi-même. ” 

Au prix de nombreux efforts, Manuel Cousin a réussi à reprendre sa 21ème place, laissée à Clément Giraud l’espace de quelques heures.

Manuel Cousin connaît une remontée difficile de l’Atlantique Nord. Témoin, cette petite avarie survenue mercredi 3 février et qui s’est, heureusement, bien terminée.

“Un peu l’enfer ce pot au noir très actif pour notre passage sur Groupe Sétin avec en plus l’enchaînement de plusieurs galères….”

Trois jours de galère

Ça fait trois jours que je galère dans ce pot au noir mais la  journée d’hier et surtout la nuit ont été vraiment très orageuse…. J’ai rarement connu un pot au noir aussi actif avec une ambiance hyper électrique, des nuages noirs énormes avec des éclairs et du tonnerre partout autour de moi…. J’avoue que l’orage en mer, je ne suis pas fan avec tout l’électronique que l’on a à bord… Et évidemment ce que je craignais a fini par arriver, les infos vent de mon pilote principal se sont figées … Heureusement, le pilote continuait à fonctionner me laissant le temps de passer sur le pilote de secours…Plus de peur que de mal car, en le réinitialisant plusieurs fois, les infos sont revenues… Je pense que cette charge électrique présente dans l’air ne plaît pas du tout aux capteurs que nous avons en haut de nos mâts en carbone.

Balcon arraché

Pendant que je m’occupais de régler mes problèmes de pilotes, j’ai entendu un bruit énorme derrière moi… Un instant, j’ai cru que je démâtais… mais en fait le T-bone (pièce qui sert à maintenir en place la poulie de Gennaker) a cédé, la poulie de Gennaker à tout emmener sur son passage et je me suis retrouvé avec le balcon arraché, planté dans la casquette juste à côté de moi, avec le Gennack qui tirait dessus…. Heureusement, j’ai eu la chance de ne pas être sur son passage !!!! Je ne vous dis pas pour se dépêtrer de ce bazar !!! Tout ça sous une pluie battante avec des éclairs dans tous les sens… Un moment dont je me souviendrai !

J’ai réussi à choquer l’écoute et à rouler le Gennack en catastrophe…. Pendant ce temps, j’ai senti le cramé… c’était le feu rouge bâbord fixé sur le balcon qui était allumé et qui en s’arrachant à fait court-circuit…J’ai réussi à tout couper à temps…

Il m’a fallu un bon moment pour réussir à tout sécuriser et reprendre ma route pour sortir au plus vite de cet endroit peu accueillant…

Voilà mes dernières 24h00 dans ce pot au noir ! Je commence à être bien crevé.. A l’heure oÙ j’écris, je pense en être sorti car j’ai maintenant du vent stable et dans le bon secteur…

Et Manuel Cousin de conclure, toujours positif :

Place au près océanique dans les alizés maintenant !

 

Manuel Cousin a franchi l’équateur lundi 1er février en début d’après-midi après deux mois dans l’hémisphère Sud. Après avoir creusé l’écart avec ses poursuivants ces derniers jours, il aborde le pot au noir avec la ferme l’intention de conserver sa 21ème place au classement.

« C’est un jour un peu spécial pour moi car je retourne en terrain connu le jour de l’anniversaire de ma fille Laurane. Je me rapproche de plus en plus de la maison».

Un gros manque de sommeil

« Le grand Sud c’est stressant, mais l’Atlantique Sud c’est usant ! » résume le skipper.

« J’ai eu une remontée de l’Atlantique Sud très compliquée, la météo est dure à gérer, c’était usant au niveau physique car j’ai énormément manœuvré pour regagner le Nord et ne rien lâcher parce que Miranda (Merron) et Clément (Giraud) derrière ne lâchent rien non plus, ça nous booste. J’ai voulu mettre du charbon, mais c’est fatigant. On ne dit pas tout ce qui nous arrive, sinon, on aurait l’impression de se plaindre sans cesse.»

Un Pot au Noir capricieux

La météo sur la zone du Pot au Noir est très différente de celle qui était prévue.

« Le Pot au Noir met à chaque fois nos nerfs à rude épreuve. Mais cette fois-ci, la météo est carrément capricieuse.  Il s’étale devant moi, alors que je pensais pouvoir m’en sortir plus rapidement. J ‘ai fait nuit blanche. Je multiplie les manœuvres car le moindre mille gagné est une petite victoire. Je donne tout ce que j’ai pour arriver le plus vite possible. »

Le skipper normand, installé aux Sables d’Olonne, sait qu’il est très attendu. Et s’il n’atteint pas les Sables pour la Saint-Valentin, ce retour sera le plus beau cadeau qu’il pourra faire à sa femme, Team Manager de Groupe Sétin, sur le pont depuis le 8 novembre dernier.

Manuel Cousin était à la vacation de 9h ce samedi matin. Le marin, qui navigue pourtant dans des conditions très instables, est toujours aussi heureux d’être en mer. il revient sur son quotidien des derniers jours. 

La carte postale est belle

« Ce matin, la carte postale est belle. Je suis dans mon cockpit en train de prendre mon café en terrasse. Ce qui est beaucoup moins sympa, c’est qu’il y a beaucoup de grains à gérer, notamment la nuit, donc ce n’est pas facile de trouver le sommeil. J’ai eu une remontée de l’Atlantique Sud très compliquée, la météo est dure à gérer, c’était très usant au niveau physique car j’ai énormément manœuvré pour regagner le Nord et ne rien lâcher parce que Miranda (Merron) et Clément (Giraud) derrière ne lâchent rien non plus, ça nous booste. J’ai voulu mettre du charbon, mais c’est fatigant. Je commence à regarder un peu plus devant, la prochaine étape plus compliquée sera le pot-au-noir dans environ 3 jours. »

Très perturbé vers Cabo Frio

« Vers Cabo Frio, c’était très perturbé, je n’ai pas pu lâcher les écoutes pendant 48 heures, le vent était très instable, ça passait de 0 à 35 nœuds en quelques secondes et en direction, on se trouvait à naviguer à presque 180 degrés de la route. Il faut tout le temps être sur le pont ! La nuit, avec l’humidité, les grosses masses nuageuses remontent, et on a des grains plus violents que la journée. Il faut faire attention. Ça laisse peu de temps au sommeil. Je mets des alarmes un petit peu partout pour être sûr de ne pas avoir de souci. »

« Suivant si on voit la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, il me reste plus ou encore une transat Jacques Vabre car j’ai passé la latitude de Salvador de Bahia cette nuit. A l’échelle du Vendée Globe, je serais plutôt tenté de dire qu’il me reste plus qu’une transat Jacques Vabre, mais en même temps il y a encore quelques bonnes journées de navigation. J’essaie de ne pas penser à l’arrivée pour l’instant sinon j’ai peur que les journées me paraissent longues. »

Rester prudent jusqu’à la fin du Vendée Globe

« Les arrivées des 10 premiers nous ont tenus en haleine. Je les félicite tous, ils ont tous fait une course incroyable. Si on parle du podium, Charlie (Dalin) a fait une course dingue, c’était loin d’être facile d’avoir ce poids du favori tout du long, et Yannick (Bestaven) a fait une course magistrale. Louis (Burton) est vraiment un exemple de persévérance, il a dû réparer dans les mers du Sud, il n’a jamais rien lâché, il a toujours été de l’avant et c’est un bel exemple d’aller au bout de soi-même. Et j’ai aussi une grosse pensée pour Boris (Herrmann), qui a fait une très belle course et qui tape un bateau de pêche juste avant l’arrivée. Ça nous rappelle tous que tant que la ligne n’est pas franchie, il n’y a rien de fait, il faut être prudent jusqu’à la fin. »

« Le bateau et le bonhomme fatiguent. On ne dit pas tout ce qui nous arrive sinon on aurait l’impression de se plaindre sans cesse. Concernant les safrans, je croise les doigts pour que les réparations tiennent. Je fais des petites bricoles de temps en temps pour les consolider et je les surveille comme le lait sur le feu. Pour l’instant ça tient et ça devrait le faire jusqu’au bout. Il faut être sur le bateau tout le temps. On reprend tous la fameuse phrase de Michel Desjoyeaux qui dit que le Vendée Globe, c’est une emmerde par jour, mais c’est vrai. Quand on a l’impression d’être tranquille, il y a toujours quelque chose à gérer. Il faut prévoir au maximum. 

Manuel Cousin, devrait arriver entrer dans le Pot au Noir très prochainement. Une zone de vent instable redoutée des marins.

Je me donne à bloc ! J’ai les stigmates de la colonne de winch, une petite tendinite, les bateaux souffrent et nous aussi, c’est normal !

Mais le skipper de Groupe Sétin reste serein. Dans sa vidéo du jour, il félicite les premiers arrivants de ce Vendée Globe 2020, et tout particulièrement Yannick Bestaven et le normand Charlie Dalin.

Il file actuellement à 16 noeuds en direction du Pot au Noir.

Manuel Cousin rencontre des conditions météorologiques peu propices à une remontée rapide de l’Atlantique, comme en témoigne cette vidéo reçue du bateau dans la journée du 27 janvier.

“On m’avait prévenu que la remontée de l’Atlantique serait longue et fastidieuse, mais à ce point là ! ? Il y a 10 minutes j’étais à 20 noeuds et là, plus rien ! On tombe dans des cellules orageuses comme celle-ci…Je n’arrête pas de manoeuvrer ! ? J1 J2 Gennak la garde robe au complet ! ??? J’ai les bras qui s’allongent ! ? On va y arriver dans le Nord du Brésil ! ? J’espère être au niveau de Rio ce soir !”

Pour autant, et malgré la chaleur accablante, le skipper de Groupe Sétin garde le moral et ne perd pas son sens de l’humour. La météo des jours à venir prévoit une arrivée dans le Pot au noir pour le 30 janvier.

Aux prises avec le cœur de l’anticyclone de Sainte-Hélène, Manuel cousin a eu tendance à s’oublier ces derniers jours, occupé qu’il était à tenter de garder un cap dans la pétole.

Un anticyclone très étalé

« Je vais… bien. Les conditions ne sont pas faciles, il n’y a pas beaucoup de vent au milieu de l’anticyclone, ce n’est pas très sympa. Clairement, c’est compliqué. Je savais que, malheureusement, l’anticyclone était super étalé, et je pense qu’il monte aussi en même temps que moi. Moralement, ce n’est pas simple parce que ça peut être un gros coup d ‘arrêt à la remontée. On est en course, Miranda (Merron) et Clément (Giraud) sont bien revenus, c’est jamais simple à accepter. Il faut gérer la fatigue et le manque de sommeil, parce qu’il faut ‘être dessus’. J’en ai encore jusqu’à cet après-midi ou ce soir, après, ça devrait redémarrer tranquillement. “

Pas une minute de sommeil

« Je n’ai pas dormi une seconde cette nuit. Ça tient péniblement à 2-4 nœuds. On est content quand le bateau va dans la bonne direction, c’est un peu le casse-tête. Je savais que j’allais galérer. Contrairement à ce que les gens croient, ce n’est pas cool : il n’y a pas de vent, entre 1 nœud et 2-4 quand ça va bien – 5 nœuds, c’est beaucoup. En force et en direction, c’est complètement aléatoire. Il faut régler, sinon on est à 180° de la route, à faire du Sud, ce qui n’est pas terrible pour remonter l’Atlantique. Il faut régler, virer, empanner, c’est super fatiguant physiquement, comme j’ai besoin de grandes voiles. J’ai le J1 en place, la grande voile plate et le gennaker et, selon d’où vient le vent, je prends l’une ou l’autre. Il faut les manipuler, on y laisse beaucoup d’énergie. Et psychologiquement, c’est fatiguant parce qu’on se démène. »

Faire attention à son alimentation

Généralement, je fais super gaffe à mon alimentation. Là, je n’ai même pas eu le temps de manger. J’ai eu des crampes, ce qui est un signe avant-coureur (de troubles, ndlr), alors je me suis fait un chocolat chaud, du café, et j’ai mangé du chocolat. Mais je n’ai pas pris le temps de me faire un bon repas. Il va falloir que je boive : si les crampes arrivent, c’est que je n’ai pas assez bu.

Le bonheur ? C’est quand ça repartira. Rien que 7-8 nœuds de vent dans la bonne direction, ça fera mon bonheur. Ce seront les alizés ensuite, avec un “tout droit” jusqu’au Nord du Brésil. J’aurai le plaisir de mettre le pilote et de faire seulement quelques réglages. Quand j’entends ma voix, je réalise que j’ai presque du mal à parler…

Aller chercher au plus profond de soi

Mais il n’y a pas de drame, ça reste une course, donc on n’aime pas ça (rester collé). On voit les camarades revenir, peut-être sont-ils passés ? C’est pour ça que je me bats comme un beau diable. Quelle que soit la place, on ne se laisse pas faire. Eux se battent aussi, et c’est normal, quand bien même on s’apprécie. On se dépouille, c’est le Vendée Globe. Et puis on a hâte d’arriver, et plus vite on sortira, plus tôt on sera à la maison. Alors il faut aller chercher au fond de soi ». 


Manuel Cousin s’apprête à contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Le skipper de Groupe Sétin confie qu’il continue d’apprendre des nouvelles choses tous les jours sur sa course. Il était à la vacation de ce jeudi 21 janvier.

Passage des Iles Falkland

« Le passage des îles Falkland, ça n’a pas été un cadeau. J’étais fatigué après les mers du Sud et j’ai connu 48h très compliquées, j’étais dans une sorte de mini pot au noir. J’étais vraiment cramé ! Depuis, j’ai réussi à me reposer. Moralement c’était dur. J’ai eu au moins 24h00 de vents très faibles, deux à quatre nœuds, totalement erratiques, il fallait constamment manœuvrer. C’est encore plus fatiguant que de prendre un coup de vent. 

J’en suis sorti, je remonte, je fais du nord-est pour contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène. Il s’étale sur presque sur toute la largeur de l’Atlantique. On va buter, il va falloir prendre son mal en patience. Au sud de l’Équateur, les anticyclones tournent à l’inverse de chez nous. Ils tournent à l’inverse des aiguilles d’une montre. Je vais chercher des vents portants pour éviter de tirer des bords, c’est pour ça que je vais chercher l’Est de l’anticyclone.

J’apprends tous les jours

« Je continue d’apprendre tous les jours. En bateau plus on navigue, plus on apprend. Sur un Vendée Globe on apprend aussi sur soi, sur tellement de choses ! Ça fait plus de deux mois qu’on est en mer, et je n’avais jamais passé plus d’un mois sur l’eau. On continue d’apprendre sur le bateau, même si maintenant on commence à bien se connaître ! On est seul face à soi-même, on se forge le caractère, on apprend à aller puiser des ressources qu’on ne soupçonnait pas. On va chercher au plus profond de soi-même, notamment par rapport à la fatigue. »

Un café bien mérité

« Je viens de me faire un petit café, un petit déjeuner, tout va bien ! Même si ça fait mal au cœur de voir les copains partir devant. Miranda (Merron) et Clément (Giraud) devraient revenir aussi alors moralement, c’est compliqué. C’est comme ça ! Je ne suis pas patient, mais je travaille sur moi. Le moindre mille gagné est un mille gagné. Il faut faire ce que l’on sait faire, du mieux possible : à la sortie, on n’aura pas de regret.

Cette course mythique, on en a toujours rêvé, c’est une chance énorme d’être là où je suis. J’ai aussi de la chance d’être bien entouré, par mes proches, mes partenaires. On vient aussi chercher un défi humain, on vient voir ce que l’on est capable de faire, jusqu’où on est capable d’aller. Quand c’est dur, tu te dis « tu as voulu être là ». C’est tellement extraordinaire ! Un oiseau, un coucher de soleil, une couleur de l’eau… Quand tu regardes le chemin parcouru, c’est super. »